Ambiance
concentration et cosplay. Nous ne sommes pas à Shinjuku mais à Vienne. En
coulisses se préparent plus d’une vingtaine de membres du Shibusa Shirazu
Orchestra : musiciens, graphistes, danseurs de butō ou créatures mangas suscitent
la curiosité et le respect.
Sur scène
le chatoiement d’étoffes et de poudres va s’animer et la concentration laisser
place à une exubérance contagieuse. Un premier morceau nous évoque presque la
Salsa du Démon, du Grand Orchestre du Splendid. Les danseurs en plus. Les
graphistes aussi. Et tout le reste, tout cet indescriptible joyeux bordel qui
s’empare de la scène. C’est effectivement une tranche vivante du fameux
quartier de Tokyo qui nous est livrée ici en live. D’ailleurs la troupe vit
littéralement sur scène, elle vit une expérience artistique et nous la fait
partager, dans une sorte de happening géant et publique.
Le danseur
de butō révèle tout son pouvoir émotionnel et subversif. Tellement puissant
qu’un groupe de copines à côté de moi dans les gradins ne pourront résister à
la répulsion suscitée en elles par une telle force, une telle introspection.
Mais pour la plupart du public, il est impressionnant de percevoir comment
cette chorégraphie, cette méditation relie le danseur au cosmos, et nous avec
lui.
Une petite
étoile filante découpe brièvement le ciel de Vienne. C’est le moment que
choisissent les maîtres du dragon pour faire entrer en scène leur totem.
Synchronicité diront certains. Tenu en laisse par trois subtils filins verts,
guidé par trois hommes-lilliputiens, un gigantesque serpent d’aluminium et
d’hélium déambule prudemment. Il investit l’espace aérien sous nos yeux ébahis,
d’où perle une larme de joie, une gratitude de notre enfant intérieur.
L’univers de Miyasaki s’offre à nous, sa poésie, sa magie. Un instant unique
que le théâtre antique accueille avec tendresse, bercé d’une voix de soprane.
Ainsi
s’enchaîneront les performances musicales et chorégraphiques dans une ligne
d’horizon vers toujours plus de poésie, de délicatesse. Dans un élan croissant
vers ces artistes vivant devant nous, qui nous rendent encore plus vivant à
notre tour. Devant ces médiums qui captent l’énergie céleste pour la restituer.
Devant ces passeurs de l’au-delà, ces frères japonais qui nous inspirent
l’amour, pour eux, pour nous, pour la Vie.
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