samedi 14 juillet 2012

Esperanza Spalding





Suivons l’artiste qui nous présente dès son entrée en scène la grande famille qui l’accompagne. Pas moins de dix musiciens, une section de cuivre charpentée et une polyvalence de la plupart sur les chœurs. Une formation riche donc, bien emmenée par la compositrice et chef d’orchestre de ce mini big-band. Elle-même à la basse électrique et au chant. Elle va néanmoins enfourcher rapidement sa contrebasse dès le second morceau, issu du dernier album « Radio Music Society ». Troisième galette de l’artiste américaine, manquant singulièrement de relief sur la hifi du salon. Cependant sur scène, la môme de Portland prend toute sa dimension. Epanouie avec les cuivres, sereine avec sa basse, elle peut laisser libre cours à son talent vocal. Car ce n’est pas la moindre de ses dispositions que de présenter une vraie proposition artistique sur deux instruments avec le même brio. Les cordes vocales et celles de la basse vibrent d’une même spontanéité, toute d’élégance et de légèreté. Ajoutez à cela son charme et un plaisir évident à être sur scène, vous obtenez le cocktail savoureux qui a régalé le public du théâtre antique hier soir. Même si certains afficionados de la contrebassiste en elle pourront regretter un certain revirement vers le chant.
Abordant les thèmes de son temps sur un jazz soul décomplexé, Esperanza affiche tout simplement l’évidence artistique : du talent, de la joie et une capacité à nous emporter dans son univers. En simplicité, en douceur. Assis dans le train de son périple, vous tournez la tête vers la fenêtre pour voir le paysage et vous êtes déjà au milieu d’une clairière verdoyante où la petite semble jouer avec ses potes de lycée. Sonorisant le ciel bleu et les nuages, électrisant les oiseaux, sa mélodie et son allégresse nourrissent les anges qui l’écoutent discrètement. Ou peut-être joue-t-elle uniquement pour elle-même, pour ce frisson et cette liberté qu’elle semble éprouver dans l’interprétation. La clairière c’est la scène du théâtre de Vienne, les anges c’est nous. L’émotion est cependant réelle, tant les thèmes abordés sont habités, en particulier lors du duo avec Chris Turner. Même le populaire « Black Gold » prend de la profondeur. L’ensemble du set est copieusement assaisonné de chorus qui nous rappellent que nous avons à faire à de vrais musiciens de jazz maitrisant leur sujet, ce que la tonalité popifiante de l’album nous avait fait oublier.
Une entrée fraiche et vibrante, idéale pour une mise en bouche avant la déflagration qui allait suivre en seconde partie de soirée avec Avishai Cohen.

Willy J

8 juillet 2012

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