dimanche 15 juillet 2012

Quand la Nouvelle Orléans décalamine Vienne


Trombone Shorty 







Il faudra prévoir un jumelage entre ces deux villes si ce n’est déjà fait. Chaque venue à Vienne de Trombone Shorty, natif de New-Orleans, provoque en effet une tempête, sans jeu de mot de mauvais goût. Nous les avions vu l’an dernier réveiller le théâtre antique malgré l’heure avancée de la All-night jazz. Ils n’ont pas démenti cette fougue cette année.

Une de leur caractéristique est de démarrer fort, très fort, tout de suite. Cette fois-ci, c’est carrément sur un son rock presque métal que débute le set. Très vite les sonorités typiques du groupe, cuivrées new-orleans, font leur apparition, comme le désormais emblématique « Hurricane Season », issu de leur précédent album, « Backatown ». C’est dorénavant le répertoire de leur dernier album, « For True », qui nourrit la tournée. Après des débuts à bonne école aux côtés de Lenny Kravitz, Troy Andrew va intégrer ses racines orléanaises aux sonorités actuelles funk, soul, rock. Il va élaborer progressivement la recette de ce cocktail explosif qu’il propose aujourd’hui.

La virtuosité instrumentale est acquise aux Trombone Shorty, comme le prouve ce clin d’œil de fin de concert où chaque musicien prend la place de son voisin et joue d’un instrument radicalement différent. Shorty prendra ainsi la batterie, et la formation belottée interprètera un morceau avec la même tenue musicale ! Mais ce qui frappe quand on voit ce groupe sur scène, c’est la puissance et l’énergie qu’il dégage spontanément. Sans avoir à aller chercher le public, une ambiance explosive s’installe dans les gradins. 8000 personnes de 7 à 77 ans debout clapent le rythme, dansent et se déhanchent.

Afin de vous faire vivre au plus près le concert d’hier soir, nous allons tenter une expérience unique dans les annales de la chronique. Voici les notes brutes prises en live pendant le concert, sans corrections stylistiques, comme un thermomètre émotionnel, à seule fin de vous faire revivre la montée progressive de l’excitation et l’irrépressible envie de danser, qui a saisi jusqu’aux bebopers les plus endurcis.
« Connaissez-vous la dynamite ? Moi non plus. Allez à un concert des TS et vous expérimenterez la déflagration TS. Ils ont une belle occupation de scène. Début rock. Reviennent à cette puissance New Orleans.Troy nous refait son interminable soufflé au trombone, deux minutes et quinze secondes, record battu ! Une violence adolescente en eux. Du Rock ou du Jazz ? Ils sont en train de communiquer une excitation, une émulation collective. Au plus calme c’est un son type Lenny Kravitz grand cru. Au plus énervé la vitalité de la Mano Negra. Batterie précise et indomptable. Sonne comme AC/DC ! Ça met une folie dans le théâtre ! Troy nous fait une choré à la James Brown. Il en a le charisme et l’impulsivité. On évacue une jeune fille qui prend un malaise ! C’est sûr que c’est du brutal. J’ai connu un chanteur de la star-ac qui en écoutait au petit déjeuner mais faut reconnaître que c’est plutôt un son d’homme. Blues Brothers pour leur capacité à faire chanter le public. Galvanisé par les clameurs des 8000 personnes Troy bombe le torse, solaire, il renvoie toute la puissance que lui projettent les spectateurs. Comment un être humain peut-il être traversé d’une telle force et rester debout ? Il y a forcément du divin dans les artistes. TRIOMPHAL. L’exclamation de mon voisin résume tout : « pas connus mais très bons !! ». Et dans un dernier cri comme un orgasme « Ahh oui ! » »

Ite missa est.





Willy J

Théâtre Antique de Vienne
Jeudi 12 juillet 2012

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