L’ambiance feutrée du club de minuit
était idéale hier soir pour accueillir Alfio Origlio et son quartet. Le
pianiste Grenoblois en profitait pour nous présenter son nouvel album
« Wings and notes » sorti il y a deux semaines. Accompagné de Eric
Prost au saxo, Jérôme Regard à la basse et
Andy Barron à la batterie, il a su captiver un public malgré des
conditions climatiques plus proches du sauna que de la salle de spectacle.
Le quartet est passé maître dans l’art de
nous bercer d’abord tendrement afin de nous laisser glisser sur la mélodie. Il
continue à chalouper sur un clapotis calme et envoûtant. La houle va jusqu’à
s’arrêter puis reprend insensiblement. Tel le zéphyr méditerranéen, il se
gonfle en orage, gronde dans la voile de notre épiderme galbé de sons.
Le bien à propos
« ascendances », courant d’air chaud, clin d’œil au précédent album
éponyme, continue à diffuser sa pluie de notes, attrapées au vol par le
saxophone qui en tisse sa texture onctueuse. Comme une pluie chaude et sensuelle
un soir d’été. A mesure que l’orgue prend le lead et que le tempo accélère, la
ballade se transforme en course folle façon deux flics à Miami, Corvette à 200 km/h sur la baie de la
riviera. Les feux tricolores défilent comme des étoiles filantes. La frénésie
aliène notre perception du temps, nous nous échouons sur la jetée, haletant,
vidés et heureux sur la plage de sable fin. Allongés sur le dos, la lune droit
dans les yeux.
Ainsi s’enchaîneront les morceaux, tous
marqués par cette sensualité, ces mélodies et surtout cette rythmique propre au quartet. Les quatre
musiciens sont bien sûr des virtuoses de leur instrument mais ce qui frappe c’est
l’immense virtuosité de l’ensemble dans les transitions rythmiques ou
arythmiques, qui ont le don de nous couper l’herbe sous le pied, et nous
entraîner, une fois cueilli, très loin dans leur imaginaire poétique.
Willy J
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