La
directrice du festival conclut son introduction par ces mots : « Il
est plus facile de s’aimer que de se haïr ». C’est bien d’amour dont il
sera question ce soir, avec une artiste qui aime autant ses idoles que son
public, ses musiciens que son répertoire. China Moses évoque les grandes
chanteuses de blues, de jazz avec une sincère admiration et une pincée d’ironie
qui sont communicatives. Après avoir consacré le dernier album et quatre ans de
tournée entièrement à son égérie, Dinah Washington, la jeune chanteuse et son
trio élargissent maintenant aux autres figures des années 1920. Chacune nous
est présentée, anecdote à l’appui, coquasse ou coquine. L’occasion aussi de
distiller un féminisme moderne et élégant tant la vie de ces femmes reste d’une
intacte modernité. Ainsi Bessie Smith avec « Kitchen man », ou Peggy
Lee – seule idole blanche de la sélection – avec « Why don’t you do right».
Raphaël
Lemonnier au piano et aux arrangements, accompagné de Raphaël Dever à la
contrebasse et de Jean-Pierre Derouard à la batterie nous emmènent sur des
swings enlevés, dans une osmose parfaite. La formation sillonne les routes
depuis longtemps et la complicité musicale est évidente.
Nous
enchaînons avec Astair Philips et « Chery Wine ». Suivi d’un immanquable
morceau de Dinah Washington, « You’re crying », arrangé à l’époque
par un Quincy Jones encore inconnu. La belle Dinah était aussi dénicheuse de
talents.
China
est volontiers coquine, épinglant les hommes et leurs travers, mais toujours
avec une dose de tendresse. Suivront Mamie Smith avec « Crazy
Blues », premier tube de la black music. Et encore Nina Simone, Ma Rayney
ou le premier single d’Aretta Franklin « Today I sing the blues » qui
la propulsa vers la célébrité.
Le
public est conquis par ce tour de chant agrémenté des frasques scéniques d’une
China qui se révèle une vraie comédienne sur les planches. Difficile donc de ne
pas être conquis par ce show musical où la grâce, le talent et l’amour nous
sont offerts sur un plateau.
Interview
flash de China Moses
Par Willy J
Willy: sur scène nous
voyons une femme piquante, qui épingle parfois les homes, mais avec au fond
beaucoup de tendresse. Etes-vous la même en dehors de la scène ?
China: il faut
demander aux musiciens qui m’accompagnent depuis quatre ans !... Je crois
que l’époque est difficile pour les hommes. Et ils ont besoin d’amour, au final
c’est l’amour qui compte.
W: vous nous
transmettez beaucoup sur l’histoire de ces chanteuses, il ne s’agit pas
simplement d’un concert où s’enchainent les morceaux. Est-ce important cette
culture du blues et du jazz ?
C: à la base je ne me
considère pas comme une chanteuse de jazz, alors quand s’est présentée
l’opportunité du projet, j’ai dit d’accord mais avec des musiciens funky, pour
que çà bouge. Et aussi pour raconter des histoires. Vous savez aujourd’hui dans
le rap ou la pop vous ne voyez pas beaucoup de femmes mises en avant et libres.
Par exemple Ma Reinie aimait aussi les femmes et ne s’en cachait pas. Il y
avait donc une liberté et une force chez ces femmes des années 20-30 qui peut
nous parler à l’époque actuelle.
W: vous aimez faire
le show sur scène c’est indéniable, voir faire le clown…
C :
oui et j’aimerais renforcer le côté grand show à l’américaine à l’avenir, avec
plus de lumières, et je voudrais aussi un serveur sur scène…(rires)
W :
prochain disque, prochaines dates ?
C :
nous arrangeons en ce moment même de nouveaux morceaux, le disque devrait être
prêt pour début 2012. Les dates, d’ici fin juin : Marseilles, Pau, Samois,
Orange puis Thionville, Montreal, etc… Va voir sur le myspace tout y est !
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