mercredi 21 mars 2012

Hot Club Cowboys


 
Le patron du club présente les quatre musiciens déjà sur scène et l’on voit d’abord des visages poupons et sérieux, genre gendre idéal. Dimitry Baevski attend poliment la fin du speach, saxo en bandoulière, puis présente ses gars : Joe Cohn, guitare serrée contre lui, salue timidement. Joe Strasser à la batterie et Mathias Allamane à la contrebasse - en costard du dimanche - font leur révérence.

Cependant, dés les premiers sursauts du saxe, on sait que ce n’est pas le quatuor du lycée qui joue pour la remise des diplômes. Mais plutôt le quartet élancé dans l’œil du cyclone. Le souffle précis et flexible, le son gras et perçant nous prend par l’oreille instantanément. Mutine et sautillante, la rythmique de la guitare vous cueille au talon, déjà vous frappez la grosse caisse et hochez du chef. Joe est parti sur son balai magique. Harry Potter du jazz, il essaie de maîtriser son instrument par moult rituels vaudou, roulades aériennes et grimaces convulsées. Jaillit de cette bataille un chapelet de notes en grappes et un accord irréel par sa main droite élastique. Dimitri, pas impressionné, se range sur le côté et attend l’issue du combat. Joe victorieux, la salle emportée, le quartet embraye et continue son road-movie infernal. Un sourire malicieux sur les lèvres, le bassiste pince ses cordes frénétiquement dans une lutte digne de Joe, la taille de l’engin en plus. Le batteur nous livre deux solos à déchirer les pierres de la cave voutée. Le mercure a pris quarante degré, et j’ai tout à coup l’impression d’être assis en deuxième classe sur le siège du milieu d’un avion modèle réduit. J’ai envie de danser. Mon voisin manipule un truc énorme qui ressemble à un appareil photo. Fin du premier set.
 

Quand Dimitry introduit la deuxième session, le costume n’est pas encore totalement craqué. Nos cowboys New Yorkais ont pris la fuite, mais ils ne sont  pas encore devenus sauvages. Cela ne va pas tarder. A mesure que s’enchaînent les morceaux, une communion harmonique et rythmique s’installe, crescendo. Le quartet devient aérien, fluide, entêtant. On voudrait se brancher ad-vitam sur ce flux d’énergie, ce flux de vie. Les bandidos de la salle qui ont suivi la chevauchée fantastique, pleins de sueur et de sable, en redemandent. C’est au saloon que la suite aura lieu.

Quand ils m’annoncent le nombre impressionnant de dates de leur tournée européenne, qui se termine à Vladivostok, je comprends que ces gars là sont des cowboys pour de vrai. Ils essaient de me faire croire qu’ils carburent à la bière. Mais je comprends vite que c’est plutôt au magnétisme de Marina, leur séduisante impresario. Le batteur m’indique que l’accueil en France est excellent. Les jazzmens - Apaches ou Yankee – nous font toujours rêver et ce n’est pas ce soir qu’on va changer d’avis.

Hasta la Vista in Lyon !

 

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