lundi 26 mars 2012

Really the Blues



Ladies and gentlemen, coming from New York for you tonight, Marc Ribot  !
La liste des musiciens avec qui cet artiste a travaillé est pléthorique, de John Zorn à Marianne Faithfull, de Cassandra Wilson à Alain Bashung, en passant par Elvis Costello, Anthony Coleman ou Norah Jones pour n’en citer qu’une poignée.
De fait, Vaulx en Velin se retrouve subitement propulsé dans le  New Jersey et la scène de la salle Charlie Chaplin n’a pas le temps de se demander ce qui lui arrive qu’elle est déjà chauffée à blanc par les riffs sauvages de Marco, ensorcelée par les accords plaqués à l’orgue par Cooper Moore, par la cadence démoniaque de JT Lewis à la batterie. Placé à bonne distance et face à son trio, Marc Ribot est prêt pour la joute  qui va nous galvaniser durant tout le set. Aucun temps mort, aucun répit pour les protagonistes. La grille de blues ancestrale répétée en boucle est le cadre posé pour toutes les improvisations, tous les chorus insensés et débridés. Tour à tour la batterie, l’orgue et bien sûr la guitare vont laisser exploser leur instinct sauvage.

Inspiré par la vie et l’œuvre de Mezz Mezzrow , en particulier son livre Really the blues , Ribot adopte une posture résolument blues roots.  S’il ne semble pas sous l’emprise des substances chères à Mezz, c’est dans ses compositions qu’il a introduit de quoi nous amener de façon certaine à l’état modifié de conscience.

Il tricote des sucres d’orge sonores, empile les tonalités jusqu’à construire une ville harmonique. Un maquis de stalagmites chatoyantes sur lesquelles on sautille à cloche pied, comme un héros de jeu vidéo. Le quartet possède cette puissance créative qui lui permet de créer un cadre mélodique et rythmique en même temps que la pulsion tribale qui s’y épanouit à l’intérieur. A ce niveau de beauté, il ne s’agit plus seulement de virtuosité d’interprétation et de composition combinées, mais bien de cette touche sacrée que savent aller chercher certains grands. Il ne reste alors qu’à bénir l’homme qui a fait advenir cet instant sous nos yeux, et remercier. Thank you Marc !


Willy J pour la Jazz Letter  – jeudi 22 mars 2012 – A Vaulx Jazz

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