Laurent
de Wilde est certainement très timide. Il a drapé la scène d’un grand voile
circulaire où se cacher. Derrière cet abat jour géant, il se réfugie avec son
complice Otisto 23 – sans doute un descendant des mythiques Spiral Tribes –
pour nous distiller un son qui n’aurait pas fait rougir ces nomades
électroniques. De cet alambic poétique surgit en effet des rythmes techno vintage
et expérimentaux.
Le
processus alchimique débute par une syncope manuelle de quelques mesures sur la
table d’harmonie d’un piano devenu djembé. Le sorcier Otisto capture ce rythme dans sa machine et le fait boucler
à l’infini par la magie de quelques logiciels et autres séquenceurs. Il y
ajoute des surimpressions sonores, des couches multiples, des nappes
successives ou simultanées. Laurent peut alors revenir s’assoir au clavier et
débuter une improvisation alterne avec son comparse.
De
cette joute musicale va naître une œuvre prométhéenne, nos deux apprentis
sorciers ne maîtrisant plus vraiment le cyclone qu’ils ont créé. Tour à tour
démoniaque et séduisant, toujours puissant, il s’échappe du cylindre de toile,
marmite géante où avaient cru l’enfermer ses créateurs. Afin de catalyser leur
Grand Œuvre, nos Méphistos modernes
projettent sur le baldaquin des vidéos, des
images, des peintures, leurs fantasmes, leurs peurs. Ce cylindre devient roue
de Faraday. Puis bécher de laboratoire. L’expérience nous confronte à la
question de l’intimité et devient parfois dérangeante. Sommes-nous des voyeurs
observant deux encagés volontaires qui se livrent à une expérience scientifique ?
Sous l’observation de 120 laborantins méticuleux, sagement assis dans les
gradins ? Quel distillat émergera de cette transmutation ? Vil plomb
ou noble argent ?
Le
secret réside dans l’Inspiration du souffle Divin. Qui était invoqué ce soir au
travers de dignes passeurs : Georges Bensson, Miles Davis, HighTone, Aphex
Twin.
Pour
au final nous livrer un bel exemple de symbiose entre maîtrise pianistique -
phrasé, touché – et univers des machines - potentiomètres, échantillonneurs. La
transformation est réussie, la Materia Prima est sublimée et de morceaux
hardcores en compositions dubs, nos deux timoniers auront réussi à nous faire
traverser des océans parfois houleux, toujours poétiques, en gardant un cap
constant : la ligne tectonique entre électro et jazz.
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