mardi 20 mars 2012

Laurent de Wilde et Otisto 23


 

Laurent de Wilde est certainement très timide. Il a drapé la scène d’un grand voile circulaire où se cacher. Derrière cet abat jour géant, il se réfugie avec son complice Otisto 23 – sans doute un descendant des mythiques Spiral Tribes – pour nous distiller un son qui n’aurait pas fait rougir ces nomades électroniques. De cet alambic poétique surgit en effet des rythmes techno vintage et expérimentaux.
Le processus alchimique débute par une syncope manuelle de quelques mesures sur la table d’harmonie d’un piano devenu djembé. Le sorcier Otisto capture  ce rythme dans sa machine et le fait boucler à l’infini par la magie de quelques logiciels et autres séquenceurs. Il y ajoute des surimpressions sonores, des couches multiples, des nappes successives ou simultanées. Laurent peut alors revenir s’assoir au clavier et débuter une improvisation alterne avec son comparse.
De cette joute musicale va naître une œuvre prométhéenne, nos deux apprentis sorciers ne maîtrisant plus vraiment le cyclone qu’ils ont créé. Tour à tour démoniaque et séduisant, toujours puissant, il s’échappe du cylindre de toile, marmite géante où avaient cru l’enfermer ses créateurs. Afin de catalyser leur Grand  Œuvre, nos Méphistos modernes projettent  sur le baldaquin des vidéos, des images, des peintures, leurs fantasmes, leurs peurs. Ce cylindre devient roue de Faraday. Puis bécher de laboratoire. L’expérience nous confronte à la question de l’intimité et devient parfois dérangeante. Sommes-nous des voyeurs observant deux encagés volontaires qui se livrent à une expérience scientifique ? Sous l’observation de 120 laborantins méticuleux, sagement assis dans les gradins ? Quel distillat émergera de cette transmutation ? Vil plomb ou noble argent ?
Le secret réside dans l’Inspiration du souffle Divin. Qui était invoqué ce soir au travers de dignes passeurs : Georges Bensson, Miles Davis, HighTone, Aphex Twin.
Pour au final nous livrer un bel exemple de symbiose entre maîtrise pianistique - phrasé, touché – et univers des machines - potentiomètres, échantillonneurs. La transformation est réussie, la Materia Prima est sublimée et de morceaux hardcores en compositions dubs, nos deux timoniers auront réussi à nous faire traverser des océans parfois houleux, toujours poétiques, en gardant un cap constant : la ligne tectonique entre électro et jazz.

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