D’emblée
la soirée est placée sous le signe de la convivialité. Les frères Moutin –
pardon – les jumeaux amorcent un dialogue avec le public. La gémellité au cœur
de leur processus créatif. Le quartet piano, saxo, et les jumeaux donc, François
à la contrebasse et Louis à la batterie, nous interprètent un morceau écrit par
des compositeurs jumeaux eux aussi, et aux mêmes instruments ! Notre bassiste va chercher les notes au cœur
du corps de la contrebasse, recroquevillé sur elle comme un chercheur d’or sur
des pépites. Lui extrait des notes. Une fois trouvé le filon, il laisse jaillir
la mélodie comme un torrent sauvage. Le batteur est excité comme un ado qui
vient d’avoir sa première batterie. Mais sa technique elle, est bien rodée.
Carrément hallucinante. Les envolées lyriques du saxe emmènent le quartet vers
des sommets de swing et le public en redemande. La salle est archi comble.
Puis nos frérots s’octroient
la scène à eux deux pour explorer leur intimité gémellaire.
D’abord
un hommage à Thelonious Monk. La batterie se transforme en djembé. Nous sommes
témoin d’une complicité de haute volée qui leur permet d’aborder un swing en
suspension, tendu entre les deux rives du morceau. Ils enchaînent sur une
course poursuite dans les rues de New York. Puis un morceau au rythme haché où
nos musiciens miment des robots saccadés. Rythme qui peu à peu nous rend
dément, ce qui n’est que logique puisque nos compères ont déjà basculé dans le
délire depuis longtemps. Pour redescendre sur terre, rien de tel qu’un bon solo
de piano électrique vintage, lunaire et mélancolique. Puis d’enchaîner sur du
Moog au tempo liturgique. Qui à son tour s’ouvre sur une clairière sonore et
lumineuse, où le saxe s’installe, batterie et contrebasse en formation serrée. Décollage romantique et riviera. Vue
de première classe sur un coucher de soleil jazzistique, pour une salle devenue
un seul homme, qu’enserre à la taille une formation sensuelle et coulante. Le
baiser est interminable et délicieux. Une larme de bonheur perle de nos âmes
spectatrices. Merci.
Samedi 26 Mars 2011 - salle Charlie Chaplin
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