mardi 20 mars 2012

Quand l’Afrique défie Poséidon




Ce qui m’impressionne toujours lors d’un concert d’afrotbeat, c’est le nombre de musiciens présents sur scène. Ils sont certes moins nombreux qu’un big-band me direz-vous. Oui et bien justement les big-bands m’impressionnent aussi. Quatre cuivres, quatre percussions, deux guitares, une basse, les claviers, ... Si vous ajoutez deux petites choristes ensorceleuses en diable vous avez une idée du feu d’artifice qui occupe la scène. Feu d’artifice qui attaque d’entrée de jeu très fort, avec des titres enlevés comme le fameux Zombie. Seun nous indique toujours commencer ses concerts avec quelques morceaux de son père afin de lui rendre hommage. Ensuite s’enchaînent les compositions propres au fiston, disons un des nombreux fistons, cadet de son état.
De retour au Niger dans les années 70’, Fela va harmoniser ses influences africaines tel le highlife avec les sonorités des big-bands qu’il a découverts à Londres. Il va également exprimer dans ses textes un puissant sentiment de révolte envers la corruption des élites de son pays. L’afrobeat était née. Aujourd’hui c’est Femi qui laboure les terres nigériennes et fait vivre le mythique Shrine club à Lagos. Quant à Seun, il dirige l’orchestre des Egypt 80 (sur scène ce soir) depuis la mort de son père en 1997.
 Le style est toujours dans la veine afrobeat de la plus belle facture. Avec des accents modernes dans l’écriture, plus jazz dans l’alternance des chorus et des reprises. Des arrangements rafraîchissants et une énergie scénique toujours explosive font de ce concert un moment de fête, de danse.
Le public est conquis, d’avance (certainement), pendant  (c’est flagrant), et après (nous allons le voir). En effet, des orages redoutés qui nous avaient épargnés jusqu’alors finissent par s’annoncer subrepticement. Quelques gouttes clairsemées d’abord, puis un arrosoir à la pomme légère mais abondante. Enfin le déluge, le vrai, les trombes d’eau qui tombent à l’oblique. Cette intempérie est une occasion unique d’éprouver la motivation des fans, qui persistent, dansent sous la pluie, dans la boue, exaltés par le ruissellement de l’eau sur la peau. En transes sur la rythmique et la foudre, balançant les bras comme des griots africains. Cependant au bout de longues dizaines de minutes, la pluie finira par tout balayer, tout laver et finalement vider complètement les gradins, puis la scène. Nous n’avons manqué que très peu du concert dans son intégralité, quelques morceaux seulement. Donc pas de regrets, les éléments naturels, dans leur grande clémence, nous ont donné un répit certain avec cette pluie nocturne, qui aurait pu s’avérer catastrophique si elle avait été vespérale.
Ah si, un regret tout de même ! Nous n’avons pas pu saluer les artistes, les applaudir pour les remercier à la hauteur de l’énergie qu’ils nous ont transmise. Pour les honorer d’avoir défié les dieux du ciel. Alors profitons de ces quelques lignes pour taper dans nos mains à posteriori et leur envoyer toute notre gratitude. Afrobeat is alive, afrobeat is living !


Willy J.
  Crest 2011




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