Le
monsieur à des mimiques d’enfant réjoui devant des bonbons quand il entame le
duo avec Lina Bossati au piano. Je sens par la complicité des regards et des
attitudes qu’ils sont de vieux copains. Deux gamins de soixante ans qui se
régalent. Quand Sanseverino débarque pour fredonner « Les
embouteillages », c’est le choc des générations. Notre feu follet - comme
l’appelle affectueusement Lina -mériterais plutôt le qualificatif d’exubérant
voir de déjanté. Avant chaque morceau, Marcel nous livre une anecdote. En plus
d’un grand musicien, c’est une tranche de la culture accordéonistique que nous
écoutons ce soir, où les classiques seront honorés, tels « Swing Valse » de Gus Viseur ou
« Indifférence » de Tony Murena.
Mais
la création aussi, comme ce « Songe d’une nuit d’été », un conte
épique et romantique sur lequel le piano mélancolique perce une apparente
insouciance. Une création splendide.
Nous
entamons ensuite une savoureuse séquence d’accordéon; d’abord en solo avec Gérard
Luc sur du Gershwin. Puis en trio avec Lionel Suarez et enfin en quatuor avec
David Mille sur un morceau écrit par ce dernier, « Ste Catherine ».
L’énergie transmise par ces quatre « boites du diable » est
indescriptible, le public est submergé par les ondes généreuses que nous
procurent ces anches libres à soufflet. Azzola est bavard, généreux, heureux
d’être sur scène avec nous.
Puis
David Mille reprend seul à l’accordéon, accompagné du grand André Ceccarelli à
la batterie, de Sylvain Luc à la guitare et de Diego Imbert à la contrebasse,
sur une ballade agrémentée de vocalises subtiles. Mille se ploie et se déploie,
se plie et se déplie comme un soufflet, son corps est en osmose avec son
instrument. Le mimétisme entre l’homme et l’accordéon en devient troublant.
Enfin
le duo Marcel - Lina restitue tout l’esprit de Brel dans un superbe hommage, un
pot pourri, une régalade de bonbons multicolores intitulée « de Vesoul aux
Marquises ».
Le
dernier hommage concerne Tony Murena avec « Indifférence » qui donne
toujours autant de frissons. Malgré un Sanseverino qui fait de plus en plus le
clown à mesure que la soirée avance. Nous aurons droit en rappel à la
« Bluesette » de Toots Thielemans.
C’est
une soirée bigarrée que je retiendrai, avec des compositions et des
interprétations d’un très bon niveau, qui rappellent à quel point l’accordéon
nous manque dans le jazz actuel. Mais c’était aussi un concert décousu, où les
musiciens se cherchaient parfois, comme si les enchaînements n’avaient pas été
préparés ou que c’était un soir de première. Peut-être Sanseverino avait-il trop
d’excitation dans le sang ? Allez savoir.
Willy J.
Crest 2011
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